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Le microbiote intestinal du nouveau-né et son rôle sur sa santé

L’enfance est la période charnière pour la constitution du microbiote de chaque individu. On sait aujourd’hui que la colonisation de la flore intestinale par des micro-organismes débute avant la naissance du bébé puis se diversifie jusqu’à 3 ans, au contact de l’enfant avec son environnement. Ce processus aura une influence sur son état de santé tout au long de sa vie. Découverte du microbiote intestinal de l’enfant !

PAROLE DE PATIENT

Sophie – 29 ans : Dans ma famille, le terrain allergique est très présent : asthme, eczéma, allergie au lactose… Lorsque je suis tombée enceinte, je me suis documentée sur le rôle des probiotiques dans les allergies et j’ai décidé d’en prendre régulièrement au cours de ma grossesse, puis j’ai continué quand j’ai allaité ma fille. Aujourd’hui, elle a 4 ans et ne semble pas sujette aux allergies. Je continue à lui donner régulièrement des probiotiques et à surveiller les petits signes qui pourraient m’alerter.

DU MICROBIOTE INTESTINAL DU NOUVEAU-NÉ À CELUI DE L’ENFANT

Durant la grossesse, le tube digestif du fœtus est totalement stérile, c’est à dire qu’il est vierge de toute bactérie.

Ce n’est que pendant les premiers instants de sa vie extra-utérine, en particulier par les bonnes bactéries vaginales maternelles, la respiration, le contact physique avec l’entourage, l’allaitement… que le tube digestif de l’enfant commence à se coloniser de microbes.

24 à 48 heures après sa naissance, les entérobactéries sont les premières bactéries à envahir le tube digestif du nouveau-né.

À la fin de sa première semaine de vie, le microbiote intestinal de l’enfant devient de plus en plus complexe et se compose peu à peu de milliards de bactéries.

Cette communauté microbienne augmente lentement et progressivement, en nombre et en diversité de souches, jusqu’à 3 ans, pour atteindre 100 000 milliards de bactéries, un niveau de population équivalent à celui de l’adulte !

C’est donc à 3 ans que le microbiote intestinal se stabilise. Il prend alors sa forme finale et personnelle qui se conservera tout au long de la vie.

Ces micro-organismes sont essentiels pour le transit et la digestion, mais aussi pour le bon fonctionnement du système immunitaire.

LES FACTEURS QUI INFLUENCENT LE MICROBIOTE

Dès la naissance et les mois qui suivent, plusieurs causes externes peuvent influencer le microbiote et avoir des conséquences pour la santé de l’hôte.

Le mode d’accouchement[1]

Par voie basse naturelle, il y a transmission des bactéries de la flore vaginale et intestinale de la mère à l’enfant. Les premiers types de bactéries à peupler la flore intestinale du bébé sont surtout les lactobacilles et les bifidobactéries.

Par césarienne, il y a transmission à l’enfant des bactéries de l’environnement de naissance, souvent la maternité, le personnel soignant, la flore cutanée de la mère… La diversité microbienne serait altérée avec notamment une quantité moindre de bactéries issues de la famille des Bacteroidetes. Des études ont mis en avant que cette altération pourrait avoir un effet sur le risque de développer des maladies ultérieurement comme l’asthme.

L’âge gestationnel

La durée de la grossesse[2] impacte le rythme d’implantation des micro-organismes dans le microbiote du nouveau-né. En effet, près de 70% des enfants arrivent avant terme. Ainsi, chez le prématuré, le microbiote intestinal est beaucoup moins diversifié et donc plus fragile en raison de l’environnement entourant sa naissance (souvent césarienne, séjour plus long à l’hôpital, généralement non allaité...).

L’environnement

Des facteurs multiples comme la famille, la situation géographique, la culture mais aussi une hygiène plus ou moins stricte… influencent directement le développement du microbiote intestinal dans les premiers mois ou années de vie.

L’alimentation

L’alimentation du nouveau-né est un facteur déterminant dans la composition de sa flore intestinale[3]. À la fin de son premier mois, de nettes différences apparaissent selon son type d’alimentation.

L’allaitement maternel module la composition du microbiote intestinal et augmente le nombre de bifidobactéries et de lactobacilles. Ces micro-organismes présents dans le lait maternel et ingérés quotidiennement par milliers favorisent considérablement le système immunitaire. Ils exercent des effets anti-infectieux et anti-inflammatoires sur le nourrisson.

Un enfant nourri avec une préparation infantile va être porteur d’un microbiote beaucoup plus diversifié. Les bifidobactéries et les lactobacilles sont toujours dominants mais ils sont associés à d’autres souches bactériennes. L’enfant peut alors être moins bien protégé des infections et troubles gastro-intestinaux.

L’antibiothérapie, principal facteur de déséquilibre

La flore intestinale du tout-petit peut être perturbée par la prise de certains médicaments comme des antibiotiques. Ils auront pour effet d’altérer le microbiote et de diminuer la diversité des bactéries pouvant parfois causer des diarrhées, de la constipation, des coliques.[4]

La consommation de probiotiques par la mère au cours de la grossesse ou l’allaitement

L'Organisation Mondiale de la Santé a proposé une définition très précise du mot probiotique : "un probiotique est un micro-organisme vivant qui, lorsqu’ingéré en quantité suffisante, produit des effets bénéfiques sur la santé de celui qui le consomme". En d’autres termes, les probiotiques, qui signifient "pour la vie" sont les bonnes bactéries qui procurent les effets bénéfiques à notre corps et plus précisément à nos systèmes digestif et immunitaire.

Il est aujourd’hui bien établi, que la prise de probiotiques durant la grossesse puis pendant l’allaitement influence positivement le développement du microbiote intestinal chez le nouveau-né et s’accompagne d’effets bénéfiques sur la santé de l’enfant (infections, diarrhées, eczéma, allergies, diabète, obésité, comportement…)[5].

CONSEILS D'UN MICRONUTRITIONNISTE

YVES GILLE, DR EN PHARMACIE ET FONDATEUR DE NUTRAVANCE

Les actions potentielles des probiotiques en pédiatrie : soulager et prévenir

Plusieurs souches probiotiques ont déjà montré des effets positifs dans la prise en charge des coliques infantiles, des diarrhées aiguës, de la dermatite atopique ou encore des infections respiratoires des enfants.

  1. Coliques infantiles : Une modulation de la microflore intestinale du nourrisson à l’aide de probiotiques réduirait la durée des pleurs liés aux coliques. Il induirait, ainsi, un nouvel équilibre de la microflore intestinale améliorant la motilité digestive et la fonction intestinale du nourrisson et soulageant la douleur viscérale ressentie.
  2. Diarrhées aiguës : D’origine bactérienne ou virale, la diarrhée est un problème très fréquent chez les bébés et les enfants. En prévention des diarrhées, les probiotiques moduleraient la flore intestinale du nourrisson pour réduire les risques d’infection. La prise de probiotiques raccourcirait aussi la durée des symptômes de la gastroentérite aiguë.
  3. Dermatite atopique : La sensibilisation alimentaire est très fréquente chez les jeunes enfants qui pour la majorité d’entre eux ne développeront pas d’allergie alimentaire vraie, mais sont toutefois susceptibles de présenter des manifestations atopiques, de type eczéma, rhinites allergiques ou asthme. Des études ont démontré que l’administration de probiotiques à la mère pendant la grossesse et l’allaitement diminue de moitié le risque de dermatite atopique[5]
  4. Infection respiratoire : Une étude en double aveugle, randomisée, contre placébo chez 57 enfants de 3 à 6 ans mixant plusieurs souches de probiotiques (Lactobacillus Bacidophilus, Bifidobacterium animalis subsp. lactis, Bifidobacterium bifidum) avec de la Vitamine C, pendant 6 mois a démontré qu’une supplémentation par un mix de probiotiques est nettement bénéfique dans la prévention et la gestion des infections respiratoires supérieures.

Il est aussi reconnu, à travers plusieurs études, que les probiotiques auraient aussi une influence sur : la prise en charge de l’intestin irritable, l’obésité[6], le tempérament et le caractère, et même le risque de troubles neuropsychiques[7].

Dans toutes ces situations de santé, le choix des souches bactériennes, leur nombre, les moyens mis en œuvre par le fabricant pour assurer leur viabilité tout au long de la durée de vie du produit et au cours de la digestion seront des critères déterminants sur l’efficacité des probiotiques.

Sources bibliographiques

[1] Jakobsson HE, Abrahamsson TR, Jenmalm MC, Harris K, Quince C, Jernberg C, et al. Decreased gut microbiota diversity, delayed Bacteroidetes colonization and reduced Th1 responses ininfants delivered by caesarean section. Gut(2014) 63:559–66.doi:10.1136/gutjnl-2012-303249

[2] Sakata H, Yoshioka H, Fujita K. Development of the intestinal flora in very low birth weight infants compared to normal full-term newborns. EurJPediatr (1985) 144:186–90.doi:10.1007/BF00451911

[3] AdlerberthI, Wold AE.Establishment of the gut microbiota in western infants. Acta Paediatr (2009) 98:229–38.doi:10.1111/j.1651-2227.2008.01060.x

[4] Intestinal microbiota development in preterm neonates and effect of perinatal antibiotics. Arboleya S et all in J Pediatr. 2015 Mar

166(3):538-44 [5] Matamoros S., Gras-Leguen C., Le Vacon F., Potel G., de La Cochetiere M.F. ; Trends in Microbiology, Avril 2013, 21(4):167-173.

[5] CK Dollerud, O Storro, R Johnsen « Probiotics in pregnant women to prevent allergic disease «Norvegian University of Science and Technology 2014 »

[6] Bailey L.C. et coll. : Association of Antibiotics in Infancy With Early Childhood Obesity JAMA Pediatr. 2014

[7] Pärtty A et all in Pediatrics juin 2015

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